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Synthèse sur les IDD au collège Henri Dunant (ou petites idées noires d'une coordonnatrice IDD en PEP4)

Juin 2005.

Sous l'impulsion de la principale - adjointe de l'établissement alors stagiaire, qui réalisait son mémoire professionnel sur le sujet, les Itinéraires de Découverte ont été mis en place dans mon établissement dès l'entrée en vigueur du dispositif, soit la rentrée 2002 pour le niveau 5e et la rentrée 2003 pour le niveau 4e. Ils se sont maintenus et sont encore prévus dans la DHG votée pour la rentrée 2005 (avec cependant une réduction du nombre de classes concernées).

L'organisation pratique a été la suivante : les classes de chaque niveau ont été alignées sur deux heures, trois par trois avec trois groupes de deux professeurs. L'élève choisit donc deux des trois projets de 12 séances qu'il réalise successivement dans l'année. Nous nous engageons à respecter obligatoirement son voeu n°1 et dans la mesure des places disponibles son voeu n°2, mettant ainsi en place une dynamique d'éducation au choix (bien précaire au collège il faut l'avouer). La coordonnatrice (votre bénévole servante en l'occurrence) constitue avec les enseignants volontaires les groupes d'élève (un travail qui de l'avis de mes collègues devrait échoir à l'administration mais qui semble fonctionner mieux quand les collègues valident les groupes en fonction de leur connaissance des élèves et des combinaisons à éviter).

Les binômes d'enseignants sont prévus dès la formalisation de la DHG et l'heure est incluse dans nos services. Nous bénéficions d'un financement du Conseil Général du 92 pour la seconde heure, qui nous permet soit de co-animer, soit de diviser le groupe en deux sur les deux heures.  Ce dédoublement est très apprécié des collègues et d'après le compte-rendu de la visite de Maëlise Langumier, conseillère aux actions pédagogiques du Conseil Général, visiblement très bien utilisé. Ce financement exige une formalisation des projets dans un dossier à remettre fin mai au chef d'établissement pour transmission. Mais le descriptif pédagogique reste souple et permet de continuer à faire évoluer le projet dans la phase de préparation (en général au mois de septembre).

Le travail interdisciplinaire et la pédagogie de projet ont immédiatement séduit nos collègues (qui les pratiquaient déjà intensivement sans cette formalisation, il faut bien l'avouer) et nous n'avons connu aucune résistance pédagogique de fonds aux IDD dans l'établissement, (même si le blocage des emplois du temps consécutif à la mise en place sur deux niveaux a évidemment fait grincer quelques dents). Les collègues participant aux différents projets ont apprécié de pouvoir porter un regard différent sur les élèves qui montraient, pour certains, des capacités insoupçonnées grâce à la pédagogie de projet.  Nous avons tenté de mettre en place des grilles d'évaluation communes qui n'ont malheureusement pas abouties (je les reproduis tout de même à titre indicatif pour ceux que les catégories Savoirs, Savoir - être et Savoir - faire n'effraient pas). Les enseignants qui y participaient au départ étaient particulièrement motivés à travailler ensemble dans un cours dont nous avions banni très strictement le caractère magistral tout en maintenant des exigences de contenus très fortes. Les IDD se sont avérés être un moteur pédagogique intéressant qui a conduit un certain nombre de collègues à renouveler leurs pratiques.

Dès le début des obstacles matériels ont été avancés. La vie scolaire a d'emblé déclaré qu'elle ne gérerait pas les absences puisque les classes se trouvaient de fait fractionnées dans chacun des groupes. Les surveillants se sont mis à ne plus passer dans les groupes d'IDD et les élèves se sont vite aperçus de cette brèche, considérant qu'on pouvait être absent aux IDD. On a tenté de résoudre le problème en fournissant des listes à la vie scolaire, en allant nous-même déclarer les absents après les séances mais le mal était fait ... D'autre part nous avions réservé à des horaires privilégiés (8h-10h Mardi, Mercredi, Jeudi et Vendredi) l'ensemble des installations et du matériel spécifiques de l'établissement (CDI, salle informatique, chariot vidéo, vidéoprojecteur...). Certains collègues ont estimé que ces réservations rognaient leurs prérogatives et empêchaient le remodelage des emplois du temps selon leurs vœux spécifiques. Nous avons enfin été victime à deux reprises de suppression inopinée de groupe à la rentrée (par mutation d'un enseignant volontaire pour faire un IDD). Nous avons dû proposer alors aux trois classes les deux IDD successivement sur 8 séances, supprimant dès lors la démarche de choix et proposant ainsi des projets plus médiocres faute de temps pour les réaliser.

Après trois années le bilan apparaît très mitigé.  : l'administration a cédé devant la vie scolaire et les collègues, reléguant les IDD en fin d'après-midi cette année (15h30 les Lundi, Mardi et Jeudi et 13h30-15h30 le Vendredi) et les réduisant à la moitié des classes de chaque niveau (en concurrence avec des classes promotionnelles sportives !) l'année prochaine. Les collègues investis et les élèves se sont retrouvés avec des emplois du temps épouvantables, qui décourageraient les plus motivés (une des classes doit faire 4h de permanence dans la journée pour assister à son IDD). Enfin certains collègues commencent à douter sérieusement de l'intérêt même du dispositif, puisqu'il ne semble pas corroborer leur point de vue sur les élèves, car "Voyons Yaël, un élève mauvais chez moi doit l'être partout ailleurs" (Sans commentaire  !).

Je présente mes excuses pour ce très vilain mais nécessaire billet d'humeur mais ça soulage !

YB

P.S. :

Mars 2006.

Les voilà enterrés nos IDD puisque la DHG les remplace par la mise en place de groupes de besoins pour le cycle central en Français, Mathématiques et Histoire-Géographie, au nom de l'amélioration des résultats au brevet. Puisqu'il faut en faire le deuil, disons simplement qu'il faut espérer que les élèves n'y perdront pas trop et que les collègues poursuivront le travail d'harmonisation des pratiques engagé dans ce cadre.

Serais-je devenue cynique après 5 ans passés à Henri Dunant ? La phrase précédente me semble avoir tout du vœu pieux. Que restera-t-il de ce travail transversal ? Rien de plus qu'un classeur au CDI présentant les différents projets et cette partie du Boub Site. Aucune trace officielle sur un site du collège que nous attendons toujours depuis 3 ans, aucune valorisation de nos travaux auprès de nos inspections respectives. L'échec des politiques de stabilisation des équipes dans les établissements difficiles se manifeste aussi dans la difficulté de valoriser et transmettre les expérimentations pédagogiques antérieures. Entre deux réunions au mois de Juin, j'aurai peut-être l'occasion de croiser mon successeur, une sortante IUFM de Province, affolée par les prix de l'immobilier en Île-de-France, par une affectation en APV non désirée, par la perspective de se séparer de ceux qu'elle aime, par l'aspect délabré du collège, par la froideur de notre direction, par l'excitation des élèves dans les couloirs et par les collègues goguenards qui vont la "prévenir" de ce qui l'attend. Aurai-je le temps de la rassurer, de la conseiller dans ces pratiques et dans ses rapports avec les autres enseignants et la hiérarchie du haut de mes cinq ans d'expérience (en PEP4 on est senior au bout de deux ans, en salle des profs je me fais parfois l'effet d'un dinosaure) ? Pire en aurai-je l'envie ?

YB

 
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Dernière modification : 16 avril 2007